Si le poids et le contenu de vos sacs poubelles vous interroge et que vous vous dites régulièrement qu’il faudrait trouver une solution pour redonner tous ces déchets organiques à la terre, c’est que vous êtes prêts à vous lancez dans l’aventure du compostage collectif.
C’est environ 30% des déchets de notre poubelle qui sont compostables ! Ces déchets finissent par être incinérés s’ils ne sont pas compostés… C’est un véritable gâchis de ressources et une vraie gêne pour celles et ceux qui manipulent nos poubelles : gardiens, éboueurs… Pourtant, une solution existe : le compostage collectif en pied d’immeuble ou dans votre quartier : une pratique qui parvient à faire rimer de manière étonnante lien social et recyclage des déchets !
Un composteur collectif, qu’est-ce que c’est ?
Le compostage collectif permet de recycler les déchets organiques (ex : épluchures, thé ou café, coquilles d’oeufs,…) en accélérant le processus naturel de décomposition de la matière organique pour en faire de l’humus (ou “compost” : un terreau riche qui permettra de venir nourrir la terre). Il en existe de plusieurs sortes, mais généralement, que ce soit du compostage classique ou du lombricompostage (avec de petits vers qui accélèrent le processus), ces installations prennent la forme de grands bacs, qui forment un « site de compostage ». Ce site est géré collectivement par un groupe de voisins et peut accueillir jusqu’à 70 ou 80 foyers.
L’objectif est de regrouper des habitants du quartier vivant à proximité, qui pourront venir déposer leur compost et participer d’autant plus aisément à la gestion du composteur. L’intérêt de la mise en place d’un compost de quartier est multiple :
- Intérêt écologique : un composteur participe de manière évidente à la réduction de notre empreinte écologique : il entraîne la réduction du volume des déchets qui sera transporté, traité et bien souvent incinéré aux frais de la collectivité. Ils sont valorisés se transforment en engrais naturel la production de nouveaux fruits, légumes, fleurs, plantes.
- (Re)création de lien social : comme toutes les initiatives de quartier, le composteur permettra certainement à des habitants du quartier de se connaître et de se rencontrer régulièrement !
Compostage classique ou lombricompostage ?
Le but reste le même : revaloriser nos déchets organiques ! Le compostage classique (ou « thermique ») consiste à entasser les déchets organiques, les amener à monter en température dans des conditions adéquates pour que des êtres vivants (bactéries, champignons, invertébrés) les transforment en humus riche. En lombricompostage les vers s’occupent de cette transformation (il n’y a pas de chauffe). Le processus de lombricompostage souvent plus rapide et peut être plus adapté là où la place est rare.
Et à Lyon, où en est-on avec les composteurs collectifs ?
Actuellement, sur le territoire de la Métropole, on compte plus d’une centaine de lombricomposteurs, composteurs collectifs de quartiers, et composteurs collectifs en pieds d’immeubles. Ces initiatives sont portées par des groupes de voisins, qui fleurissent et se multiplient aux quatre coins de Lyon et des communes alentours. Leur succès est grandissant et les demandes de nouveaux composteurs sont toujours plus nombreuses, alors même que les listes de foyers en attente d’une place au sein d’un composteur existant près de chez eux s’allongent également de jour en jour…
La recette pour mettre en place un composteur collectif dans votre quartier
1 / Créer un petit noyau de personnes motivées
La première étape est de motiver des personnes autour de vous, pour vous aider !
Il s’agit principalement d’informer, de sensibiliser, de faire connaître les différents principes du compostage collectif, et surtout de donner envie aux gens de s’investir avec vous. Organiser des apéritifs, des réunions sur le thème du compostage, aller à la rencontre de ses voisins, des commerçants du coin… Mettre des petits mots et des affichettes dans vos immeubles ou dans votre quartier… tous les moyens sont bons pour pouvoir susciter l’enthousiasme autour de vous !
Vous pouvez aussi commencer d’aller à la rencontre des structures du quartier : Conseil de quartier, Centre social, Mjc, Bibliothèque, Jardins partagés… Elles peuvent non seulement vous donner des conseils, des idées, en parler dans leur public et leur réseau, mais aussi pourquoi pas accueillir le composteur ! C’est important de faire connaître davantage votre initiative et en plus d’y intégrer tous les acteurs du quartier qui pourront participer à sa réussite et favoriser le dynamisme de votre quartier !
Dans ces structures, adressez-vous au chargé de mobilisation ou chargé des initiatives habitants ou chargé des “groupes développement durable”.
Le duo composteur-jardin partagé fonctionne parfaitement ! Le jardin est effectivement souvent une bonne solution d’hébergement puisque le compost pourra être plus régulièrement suivi par les habitants qui viennent jardiner mais en plus, il donnera donc un compost de meilleur qualité, qui pourra immédiatement retourner à la terre du jardin ! Le compostage est une pratique importante en jardinage écologique, c’est un moyen d’améliorer considérablement la structure et la richesse du sol, et donc les cultures.
Et pour finir, il vous faudra rencontrer ou vous informer sur les deux associations lyonnaises qui organisent des réunions d’information, des formations, des ateliers, et qui aident et accompagnent les personnes qui montent des composteurs collectifs : Compost’elles et Eisenia (spécialisée dans le lombricompostage). Ces associations sont non seulement de vraies mines d’informations, mais elles constituent également un soutien important dans le montage de ce type de projet !
Ceci dit, n’hésitez pas à aller à la rencontre d’autres habitants qui s’occupent d’un composteur afin de discuter avec eux, d’observer le fonctionnement, comment les habitants sont organisés autour, comment ils le font vivre… ils pourront certainement répondre à bon nombre de vos interrogations !
2 – Trouver le site idéal et obtenir l’accord pour poser les bacs
Une fois la petite équipe motivée autour de vous, il s’agit de trouver un emplacement idéal qui accueillera votre futur composteur, composé de deux ou trois bacs, selon Les composteurs de quartier doivent avoir un emplacement facile d’accès, si possible ombragé, idéalement ouvert sur la rue, et être assez visible.
Vous aurez besoin d’un espace minimum de 10 mètres² pour installer vos 2 ou 3 bacs à compost (bac d’apport des déchets frais / bac de maturation pour le compost classique uniquement / bac de stockage de la matière sèche) et bien pouvoir tourner autour. Pas forcément besoin d’un accès en pleine terre : on peut composter partout !
Pour cela, vous pouvez soit chercher un terrain inutilisé, une petite place, un espace vert… Vous pouvez aussi l’installer dans la cours d’un Centre social ou une Mjc (l’accès sera plus compliqué mais c’est parfois une solution en attendant de trouver un lieu plus ouvert).
Est-il nécessaire d’être certain de trouver un lieu définitif ? Non, un site de compostage n’est pas toujours une installation fixe est définitive : il peut être amené à se déplacer en cas de besoin.
Il faudra ensuite vous renseigner pour savoir à qui appartient l’espace et demander une autorisation pour vous implanter. Que l’espace appartienne à un propriétaire privé ou public, une convention pour la mise à disposition du terrain sera nécessaire.
Pour les composteurs de bas d’immeuble, vous aurez bien-sûr besoin de l’autorisation du syndic de copropriété et/ou à la régie (un dossier de présentation est disponible sur le site des Compostiers pour vous aider à présenter le projet avec tous les arguments appropriés !).
Est-il toujours nécessaire de se monter en association ? Pas forcément ! Cela dépend de votre choix d’emplacement et de l’accord que vous passer pour la mise à disposition du terrain. Tout dépend donc du projet, du site choisi et parfois du mode de financement.
Si c’est nécessaire, il suffit souvent de se rapprocher d’un acteur du quartier (Centre social ou Mjc) pour faire le lien.
3 / Se faire accompagner et financer son projet
Tout d’abord, les bacs, combien ça coûte ?
Construire les bacs, ça peut vous coûter de 0€ (uniquement en récup, c’est possible ! grâce au bois de palettes par exemple) à environ 500€ les 3 bacs pour un composteur grande capacité (1m²= 50 familles environ) ou 1000€ les 1,5m² (70 familles).
Mais pour monter un composteur, il faut aussi penser à la formation et souvent à un accompagnement pour la mise en place. Il s’agit d’un soutien pour fédérer des habitants et faire valider le projet, co-construire, former les habitants intéressés au compostage et suivre les premières étapes sur 6 mois. C’est pour cela que son coût de revient peut être très différent selon le format et le mode d’accompagnement que vous allez choisir. Pour vous aider, voici comment vous pouvez être accompagnés :
Vous pouvez choisir de vous former par vous même en allant rencontrer d’autres porteurs de projets de compost de quartier ou en suivant des formations collectives comme celles que proposent Eisenia pour le lombri-compost. Cette solution est la moins coûteuse puisqu’il suffira de financer le matériel pour les bacs ou de l’acheter déjà prêt à monter. Vous pouvez trouver des plans de montage de bacs pour les fabriquer vous-même (en bois de palettes par exemple !) : il suffira alors de quelques bricoleurs pour vous lancer !
Il faut toutefois s’assurer d’être au moins 2 ou 3 personnes du groupe de porteurs à posséder les connaissances nécessaires pour que le suivi soit bien réalisé et puisse l’être sur le long terme.
Vous pouvez aussi choisir d’être accompagnés par l’une des deux associations ressources (Eisenia ou Compost’elles). Ces formats d’accompagnements peuvent aller d’une simple formation de maître-compostier jusqu’à un suivi complet de la mise en place du composteurs (allant de la formation aux premiers retournements du compost). Pour cela, n’hésitez pas à contacter les associations référentes pour leur demander un tarif adapté.
Vous pouvez toutefois compter de 500€ pour les plus petits composts de bas d’immeuble avec une formation à 2000€ tout compris pour les plus gros composts de quartier (pouvant accueillir jusqu’à 70 familles).
Ensuite, il existe deux solutions pour financer votre projet :
- Certains projets peuvent être pris en charge par la Métropole de Lyon avec un accompagnement assuré par une structure prestataire. Pour cela, vous pouvez faire une demande sur le formulaire de contact du site internet. Cependant, il faudra attendre quelques mois avant de pouvoir obtenir une réponse pour votre projet et profiter de cet accompagnement s’il est accordé. Actuellement la Métropole a déjà de nombreuses demandes en liste d’attente.
- Vous pouvez aussi auto-financer votre projet (matériel, formation et/ou l’accompagnement). Il vous faudra alors vous accorder avec les autres habitants et pourquoi pas diviser les coûts entre vous ou avec les futurs utilisateurs du compost. Pour vous donner une idée du coût : pour un grand composteur classique et un accompagnement complet, il faudra compter au maximum 30€ par famille.
Vous pouvez aussi proposer un crowdfunding ou organiser un événement (repas de quartier, concert…) qui vous aidera à financer ce projet dans le quartier !
Cette solution ne vous empêche pas de demander une aide en parallèle (de la Métropole ou d’une structure de quartier qui pourra peut-être trouver quelques fonds de soutien).
4/ Les aspects pratiques : quelques questions à se poser avant de commencer
- Que peut-on mettre dans le compost ? Des restes de fruits et légumes, épluchures, coquilles d’oeuf, fleurs fanées, marc de café, thé (en sachet ou en vrac), pâtes et riz, papiers, carton, tonte et déchets verts…
La viande, le poisson, le pain et les produits laitiers ne sont pas autorisés dans les composteurs collectifs urbains pour éviter les nuisances. Dans un lombricompost, on évite aussi l’ail (vermifuge!), l’oignon et les pelures d’agrumes.
- Quel type de matière sèche faut-il apporter au compost (la matière carbonée) ?
Pour réussir son compost, deux notions sont essentielles : l’équilibre et le mélange, puis laisser le temps au processus naturel d’agir !
Les déchets compostables peuvent se classer en 2 catégories :
– les matières vertes (molles ou humides), riches en azote : restes de fruits, épluchures…
– les matières brunes (dures ou sèches), riches en carbone : feuilles mortes, branchages broyés (broyat), sciure de bois…
Afin d’obtenir le bon équilibre entre le carbone et l’azote, il faut 2 doses de matières vertes pour 1 dose de matières brunes.
On peut en récupérer dans de nombreux endroits : chez Cobois pour les copeaux, mais aussi chez les élagueurs, les paysagistes, les espaces verts… Pour un composteur de quartier, vous pouvez compter environ 2m2 de broyat tous les 3 mois.
Pour le lombricompost, du papier, carton, de la paille ou des feuilles feront l’affaire !
- L’accès au compost
Pour les composteurs de quartier, il faudra penser au type d’accès au composteur : soit libre (avec un cadenas ou pas) ou sur des horaires de permanences (ce procédé est plus contraignant mais il permet d’instaurer un véritable lieu et moment de rencontre dans le quartier).
- L’utilisation du compost
Une fois prêt, le compost doit être distribué ! Le compost réduit énormément : de 5,5 tonnes de déchets par an pour un composteur de quartier + le broyat on arrive à 1,5 tonne de compost.
On peut ensuite le donner aux habitants pour leurs balcons, aux jardins partagés, pour les espaces verts et/ou collectifs en pied d’immeuble… C’est aussi possible de passer par Compost’elles pour qu’ils trouvent à le redonner !
5 / Quelques idées pour bien démarrer votre composteur !
L’une des personnes du groupe référent au moins devra avoir les connaissances pour faire fonctionner le compost afin de les transmettre aux autres, qui seront amenés à participer à la gestion courante du site.
Le chantier participatif organisé autour de la construction des bacs est une étape importante, car elle permet de regrouper vos voisins autour de votre première action collective : le montage des bacs, leur mise en place, et l’inauguration de votre composteur collectif !
En plus des bacs (achetés en kits ou que vous construirez par vos propres moyens), il faudra vous doter d’une fourche, d’une pelle, de petit matériel permettant d’assurer la bonne gestion de votre composteur et d’un éventuel cadenas si vous avez besoin de fermer le site.
Il est maintenant important que, dès le départ, le suivi du composteur se fasse correctement, et que les bonnes pratiques soient transmises à l’ensemble du groupe, afin que le composteur reste équilibré (de bonne qualité), et ne deviennent pas source de nuisances (notamment olfactives !) pour le voisinage.
Le composteur doit être régulièrement aéré, retourné, et abondamment alimenté en matière sèche, ce qui nécessite la mise en place d’une bonne logistique !
6 / L’animation et la vie du composteur !
Enfin, il reste à vivre le composteur sur le long-terme. Il faudra réussir à garder un groupe dynamique et motivé, qui sera sûrement amené à se renouveler régulièrement, au fil des départs et arrivées de chacun. Désigner quelques « référents de site », des habitants qui auront pour charge la coordination de l’ensemble du groupe, peut être une bonne idée !
Il est très important que votre composteur possède une mécanique bien rodée, car vous serez sûrement très nombreux à l’utiliser, et il faut pouvoir compter sur la prévenance et la vigilance de chacun. Il sera parfois nécessaire de faire quelques rappels/informations sur les apports autorisés ou non, dans la joie et la bonne humeur ! N’oublions pas que tout ceux qui compostent le font plein de bonne volonté !
La qualité du compost est importante à surveiller : il faudra rester uniquement sur des apports de végétaux (pas de viande ni de laitage). Pour ce type de composteurs collectifs, il est impératif de limiter les risque de nuisances car le suivi n’est pas quotidien : il faut éviter les fermentations et odeurs qui peuvent amener des rongeurs et risques sanitaires, et rebuter vos voisins au lieu de leur donner envie de vous rejoindre dans cette aventure du compostage !
Le composteur doit être régulièrement aéré, retourné, et abondamment alimenté en matière sèche, ce qui nécessite la mise en place d’une bonne logistique. Généralement, c’est effectué lors des permanences hebdomadaires.
Enfin, il est conseillé d’organiser de petits événements réguliers autour de votre composteur ! Des visites, des repas et apéritifs partagés… afin de vous faire connaître du reste du quartier, auprès des commerçants, des artisans, etc. et surtout de maintenir un esprit de partage et de convivialité au sein du groupe d’habitants !
Les retournements du bac de compostage, les réunions, votre assemblée générale annuelle (s’il y a ), la récupération et le partage du compost (qui interviennent régulièrement, tous les 4 à 6 mois environ) peuvent être autant d’excellentes occasions de vous retrouver tous ensemble !
Une idée pour aller plus loin : les visites pédagogiques !
Un composteur collectif est un outil pédagogique extraordinaire, puisqu’en plus de démontrer concrètement l’intérêt du recyclage de nos déchets organiques, il permet d’illustrer de manière très visuelle le processus naturel de décomposition de la matière organique.
Cette fonction s’applique aussi bien aux adultes qu’aux enfants, qui sont en général ravis de pouvoir venir mettre les mains dans du compost frais… Organisez des visites pédagogiques avec les écoles du quartier ou avec les Centres sociaux, Mjc et bibliothèques ; les enfants s’intéressent généralement avec enthousiasme aux composteurs et seront ensuite les premiers à participer à la diffusion de pratiques plus responsables !
Structures ressources
Pour aller plus loin
Toutes les informations sur les consignes de tri et le compostage dans la Mtropole :
https://www.grandlyon.com/services/les-consignes-de-tri-des-dechets.html
Lancez-vous !
Maintenant que vous avez lu ces quelques premiers conseils… c’est parti !
Si vous avez besoin de discuter et d’avoir des conseils sur la mise en place d’un composteur de quartier ou de bas d’immeuble, vous pouvez écrire à l’adresse : contact@lescompostiers.org ou eisenia.asso@gmail.com
Si vous vous lancez, Anciela peut vous accompagner dans le cadre de la Pépinière d’initiatives citoyennes : vous aider à mobiliser, échanger avec vous sur tous les moments de la démarche, vous mettre en lien avec des acteurs et des soutiens utiles pour avancer, etc. Contactez-nous pour que l’on s’en parle !