Sengaspi, l'association étudiante qui récupère les invendus des marchés

Cet article a été écrit en 2022 dans le cadre d’une série sur les initiatives pour une alimentation écologique et solidaire portées par les étudiantes et étudiants et leurs campus. Retrouvez les autres contenus sur ce thème dans notre dossier.

Née à l’ESCD 3A, l’association Sengaspi récupère les invendus et les redistribue gratuitement aux personnes qui étudient et habitent entre Gorge de loup et Valmy, à Lyon 9e. Une initiative étudiante pour une alimentation plus écologique et solidaire qui sort petit à petit du cocon du campus pour prendre de l’ampleur dans l’arrondissement.

Tout commence il y a deux ans, lors d’un séminaire organisé à l’ESCD 3A sur la gestion de projet autour de la récupération d’invendus alimentaires. À la suite de ces trois jours, Emilie et Marie, étudiantes en 1ère année dans cette école de commerce ouverte sur les engagements citoyens, créent l’association Sengaspi. En petite équipe, les deux amies et quelques camarades vont récupérer des invendus à la fin des marchés et les donnent à des associations, comme les Petites Cantines de Vaise, pour qu’elles les cuisinent. En septembre 2021, ils lancent des distributions des invendus collectés, d’abord entre eux, puis ouvertes à toutes et à tous.

Lutter contre le gaspillage et favoriser l’accès à une alimentation variée

L’équipe se rend compte qu’il y a un besoin du côté des personnes étudiantes et habitantes du quartier, mais aussi des producteurs et productrices présentes sur les marchés, souvent peinés de voir leurs fruits et légumes partir à la poubelle. « En discutant avec les personnes sur les marchés, on a bien vu qu’elles étaient contentes qu’on récupère leurs invendus pour les donner à des étudiant-e-s, au début ce n’était pas simple, mais maintenant, ils nous gardent des cagettes entières et les laissent à disposition. On voit un réel changement de leur côté » explique Emilie. Petit à petit, l’équipe constate les quantités grandissantes d’invendus récupérés et les étudiants de plus en plus nombreux à venir remplir leur panier lors des distributions.

Sensibiliser à une alimentation plus écologique

En deux ans, Sengaspi a récupéré et redistribué une dizaine de tonnes d’invendus, avec en moyenne 70 personnes venant à leurs distributions, majoritairement des étudiantes et étudiants, mais pas uniquement. L’association est aujourd’hui organisée en deux pôles : le pôle récoltes sur les marchés et distributions, et le pôle sensibilisation à l’alimentation écologique et solidaire et à l’anti-gaspi que l’équipe souhaite développer avec les écoles, collèges et universités.

Accompagner les étudiants à changer leur alimentation

S’ils ne font pas de distinction sur les invendus qu’ils récupèrent, Emilie, Baptiste et les autres bénévoles mettent l’accent sur la sensibilisation lors des distributions. « On met bien en avant que les tomates en hiver, ou les avocats qui viennent du Brésil ont un impact sur l’environnement et ne sont pas neutres en carbone, loin de là. Pourtant, ils sont là, donc pour éviter que ces produits finissent à la poubelle, on les récupère et on les donne » nuance Baptiste.

Emilie et Baptiste savent que ce n’est pas toujours dans les habitudes des étudiants de cuisiner. Pour les encourager à ne pas bouder les fruits et légumes un peu abimés, ils partagent des conseils « Changer ses habitudes alimentaires n’est pas forcément une chose facile, surtout quand on ne connaît pas les alternatives et qu’on pense ne pas avoir le temps, ou l’argent. On donne des idées de recettes, et ça fonctionne, on reçoit plein de photos de recettes réalisées après nos distributions » explique Emilie.

Trouver un nid pour prendre son envol

L’équipe ne se voit pas s’arrêter là. « On essaye de se détacher de notre campus pour continuer ces actions qui nous tiennent à cœur en parallèle de nos études et toucher des cercles plus larges, on voudrait inscrire Sengaspi dans le tissu associatif lyonnais » explique Emilie. Le défi est de maintenant trouver un local qui permettra de stocker les denrées, et donc d’envisager des partenariats avec des associations pour donner les kilos d’invendus restants après les distributions.