Un canapé-lit, un petit bureau équipé d’un ordinateur, quelques rangements : on se croirait presque dans une chambre étudiante, mais la poubelle à papier rappelle qu’on est bien dans les locaux d’une entreprise. « Nous avons installé des rideaux aux fenêtres, par souci d’intimité. C’est à peu près la seule installation que nous avons dû réaliser ici », explique Solène Marsollier, déléguée locale pour les Bureaux du Cœur, en montrant la chambre de quelques mètres carrés, plutôt cosy pour un bureau aménagé. Un peu plus loin, une cuisine avec un réfrigérateur, un micro-ondes, des plaques de cuisson, ainsi qu’une douche dans une petite salle adjacente. « Ce sont les espaces que nous mettons à disposition de notre invité, lorsqu’un accueil s’organise », ajoute Solène.

L’accueil d’Algassimou Bah, au premier plan, à AIA Architecture par, de gauche à droite, Sulaimani Tuyishimiye de l’Ouvre Porte, Solène Marsollier et Monia Tonello des Bureaux du Cœur et Laure Nugier, hôte avec AIA Architecture et bénévole des Bureaux du Cœur.

800 personnes dans la rue contre 1 150 000 m² de bureaux à Lyon

S’ils comptent aujourd’hui 19 délégations locales pour 85 bénévoles dans toute la France, l’histoire des Bureaux du Cœur commence à Nantes il y a quelques années, en 2018. « Un soir, Pierre-Yves Loaëc, un chef d’entreprise, ferme ses locaux pour la nuit. Il croise alors quelqu’un dehors et réalise à quel point il est incohérent de laisser cet espace vide, alors qu’une autre personne pourrait en profiter », raconte Solène. C’est de ce constat qu’est née l’association, pour réunir les entreprises derrière un but commun : proposer un hébergement de moyenne durée dans leurs locaux à des personnes sans solution. Trois ans plus tard, la délégation lyonnaise fait son apparition sous l’impulsion de Solène : « J’avais pris contact avec les Bureaux de Nantes, en me disant qu’à Lyon nous avions plein d’entreprises, et beaucoup de personnes dans le besoin ». Rapidement, la société pour laquelle elle travaille, FlexJob, spécialisée dans l’accompagnement d’entreprise, devient hôte. « Les aménagements peuvent en freiner certains mais généralement, il n’y a pas grand-chose à adapter pour être hôte avec les Bureaux du Cœur », explique-t-elle. Si l’on trouve presque systématiquement un réfrigérateur et un micro-ondes dans un espace de travail, ce n’est pas le cas de la douche ou du lit. « On peut installer un fauteuil convertible, ou un canapé-lit. Pour le coin douche, il faut éventuellement faire quelques travaux mais un partenariat avec Saint-Gobain est en discussion, pour fournir des matériaux et de la main d’œuvre. Sinon, nous essayons de nous arranger avec les hôtels du coin », explique Solène.

Cet article est initialement paru dans la rubrique S’engager Avec du numéro 55 du Magazine Agir à Lyon et ses alentours, en juin 2023. Le Magazine Agir à Lyon et ses alentours est un mensuel papier de 52 pages disponible sur abonnement.

Une fois l’espace de l’invité aménagé et la convention entre les différents parties signée, l’accueil peut commencer. L’hôte met à disposition le lieu en fonction des horaires de travail, la plupart du temps de 18h à 8h, et le week-end.

Les Bureaux du Cœur sont épaulés par d’autres associations pour toutes les étapes, de l’entrée à la sortie. En amont, ils sont contactés par le Foyer Notre-Dame des Sans-Abri, Médialys, ou encore l’Ouvre-Porte qui les mettent en relation avec des personnes sans solution d’hébergement. Une fois l’accueil organisé par les Bureaux, ces structures accompagnent les invités dans leurs démarches administratives, dans la recherche d’un emploi ou d’un logement, en fonction des profils et des projets. Enfin, au terme de leur accueil, les personnes reçues sont accompagnées par les mêmes associations si elles n’ont toujours pas de solution. « C’est à cette étape qu’on a encore beaucoup de travail. Comme un accueil dure trois à six mois, nous voyons des invités contraints de partir sans solution au moment de la sortie », déplore Solène, avant d’ajouter : « Notre but est de donner un coup de pouce et des moments de répit aux personnes dans le besoin. Toutes les autres associations font le travail de fond pour les aider à se réinsérer, c’est une coopération ». Actuellement, c’est une quinzaine de structures qui sont partenaires des Bureaux du Cœur.