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Cet article est initialement paru dans la rubrique Ça démarre du numéro 59 du Magazine Agir à Lyon et ses alentours, en octobre 2023. Le Magazine Agir à Lyon et ses alentours est un mensuel papier de 52 pages disponible sur abonnement.
En avril 2022, Ecologica voit le jour. Cette école du supérieur se donne pour ambition de former la génération de celles et ceux qui seront capables de répondre aux besoins des structures qui portent la transition et d’en incarner les valeurs.

Choisir la transition dès la sortie du bac

De son association d’éducation populaire Conscience et Impact Écologique (CIE) à ses cours dans le supérieur, Floyd Novak a passé près de dix ans à transmettre des savoirs et à sensibiliser tous les publics sur les enjeux écologiques avant de cofonder Ecologica avec Franck Janin, militant de longue date de CIE.

Ecologica, c’est une école qui a ouvert ses portes à la rentrée 2023 et qui dispense une formation en cinq ans allant de la première année post baccalauréat à une année de spécialisation après la cinquième année. Si aujourd’hui ce sont 12 étudiants qui vivent cette première année d’ouverture, les cofondateurs visent une trentaine de diplômés de chaque promotion tous les ans. Autant de jeunes qui entreraient dans le monde du travail, mais pas n’importe lequel : celui des entreprises, des associations et des institutions engagées dans la transition !

Pour les préparer, le programme est bien fourni. Maîtrise des enjeux environnementaux, prise de parole en public, outils d’intelligence collective… Les trois premières années, des enseignements transversaux mêlent approches théoriques, exercices pratiques, expériences de terrain et projets menés par les étudiants.

Le Mastère, en deux ans, spécialise ensuite les étudiants dans l’un des trois parcours proposés : « Communication, plaidoyer, participation citoyenne », «Entrepreneuriat et développement des organisations de l’ESS » et «Politiques publiques et résilience des territoires ». Quant au Mastère Sup’, il offre à celles et ceux qui se sont formés dans des cursus classiques une remise à niveau d’un an sur les sujets de la transition écologique. « C’est une manière de se doter, en fin de cursus, d’un bagage intellectuel et de compétences en adéquation avec les organisations dans lesquelles ils souhaitent travailler », explique Floyd.

Une particularité de cette école associative, c’est qu’elle a aussi mis en place une gouvernance partagée afin que chacune de ses parties prenantes puisse jouer un rôle dans son fonctionnement et ses évolutions. Certains élèves de la première promotion ont d’ailleurs participé aux réflexions pour la construire. «Ce ne sont pas seulement les fondateurs qui prennent les décisions. On les prend tous ensemble, professeurs et élèves confondus. On est entendus », témoigne Charlotte, 21 ans, en troisième année de Bachelor et active au conseil pédagogique.

Pour sa première rentrée, Ecologica a accueilli 12 étudiants, allant de la troisième année de Bachelor, au Mastère Sup’. Pour la seconde année, dont les inscriptions viennent d’ouvrir, les cofondateurs espèrent accueillir une promotion de chaque niveau.

L'inauguration d'Ecologica en septembre 2023.

 L’inauguration d’Ecologica en septembre 2023.

Besoin de bras pour construire la transition ?

Si Ecologica est née en réaction à une trop forte inertie du système académique actuel, où les fondateurs constatent qu’il s’agit surtout d’intégrer quelques cours pour sensibiliser à la transition sans remettre en cause le modèle de société, elle répond aussi à une attente de la part des différents acteurs de la région, des associations aux entreprises engagées, en passant par les collectivités territoriales.

Ces structures, de plus en plus demandeuses de candidats avec des connaissances et des compétences spécifiques ainsi qu’une vraie culture des enjeux écologiques, peinent à trouver toutes les forces nécessaires. Une difficulté sur laquelle se retrouvent les partenaires d’Ecologica, parmi lesquels on retrouve aussi bien des associations nationales comme Notre Affaire à Tous ou Terre&Humanisme, des associations locales comme La Gonette ou The Greener Good, des acteurs publics, ainsi que les entreprises Railcoop, Rebooteille ou Les Alchimistes. Tandis que certaines jouent un rôle éducatif, apportant des connaissances en classe ou un espace d’apprentissage aux élèves, d’autres prennent part aux instances de gouvernance.

« Lorsqu’une organisation dans la transition ouvre un poste aujourd’hui, elle reçoit essentiellement des candidatures de personnes dans une optique de reconversion. » Selon Floyd, ces profils en reconversion ne peuvent pas suffire car le besoin est plus étendu. Entre les projets tutorés, les stages, le bénévolat, les étudiants goûtent déjà au monde des entreprises de la transition avant d’y plonger en tant que jeunes diplômés.

Une réalité que perçoivent déjà les étudiants après quelques mois. « Le plus frappant, c’est qu’on est déjà, en tant qu’élèves, au cœur d’un réseau d’associations très actif. L’école a une soixantaine de partenaires, nos intervenants sont des personnes qui ont fondé des associations ou qui travaillent au sein de collectivités territoriales. On n’est pas déconnectés du terrain. On sait ce que recherchent les associations et quels sont leurs besoins concrets », partage Loïc, 23 ans, l’un des premiers à s’être engagé dans la dynamique d’Ecologica.

Proposer un autre rapport aux apprentissages

L’ambition d’Ecologica n’est pas simplement de proposer des cours d’écologie, mais une nouvelle manière d’apprendre et d’enseigner en changeant de modèle, dans la droite ligne de la pensée d’André Gorz, penseur majeur de l’écologie politique dont un ouvrage posthume paru en 2008 a donné son nom à l’école.

Pour Floyd, changer de modèle, c’est par exemple allier réflexion de fond, de forme, et militantisme. C’est ce que propose Ecologica aux étudiants de troisième année avec les mémoires graphiques, des travaux sous forme d’exposition photo, de conférence gesticulée ou de vidéo, présentés dans le cadre d’un « Festival du mémoire ».

Si à Ecologica, comme partout ailleurs, on parle aussi de projets tutorés, de terrains d’apprentissage ou encore de séminaires, les formats d’apprentissage et d’évaluation sont différents de ceux du système classique. Ecologica souhaite que les étudiants soient pleinement acteurs de leur cursus. Un constat que partage déjà Charlotte : « Il n’y a pas de rapport descendant de prof à élève : on se tutoie, on mange ensemble. Les cours aussi sont de vrais moments d’échanges. Ce ne sont pas des cours magistraux classiques. »

Théo Fatséas

Crédits Photos : Ecologica

Cet article est initialement paru dans la rubrique Ça démarre du numéro 59 du Magazine Agir à Lyon et ses alentours, en octobre 2023. Le Magazine Agir à Lyon et ses alentours est un mensuel papier de 52 pages disponible sur abonnement.
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